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| - [Source iMedia]
En compagnie de Sophie Davant, des invités témoignent de leur vécu, de leur parcours, de leurs difficultés et de la manière dont ils ont pu surmonter les obstacles.
Elles ont retrouvé leur mère après des années
A quelques jours de la fête des mères, nous avons voulu mettre à l'honneur ce
lien si fort qui unit une mère à sa fille¿ Un lien que n'ont pas toujours connu les
femmes que je reçois aujourd'hui¿ Et pour cause, elles ont grandi sans celle qui
leur avait donné la vie. Pendant des années, elles ont idéalisé cette femme et se
sont lancées dans un combat pour la retrouver¿ Si certaines y sont parvenues,
pour d'autres, la boucle n'est pas encore bouclée. C'est ce qu'elles vont nous
raconter tout au long de notre émission.
Invités
Jasmine, « J'étais juste partie en Inde pour découvrir mon pays d'origine et j'y ai
rencontré ma mère biologique !»
Jasmine sait depuis toujours qu'elle a été adoptée en Inde. C'est à la mort de ses
parents adoptifs qu'elle ressent le besoin de partir découvrir son pays d'origine.
Elle a alors 41 ans. Jasmine ne possède pas de documents sur son adoption, ni
sur ses origines, hormis un certificat de baptême fait dans un village en Inde. Mais
la date de naissance inscrite sur ce papier ne correspond pas à la sienne et elle
n'est pas sûre qu'il lui appartienne vraiment. Elle se dit que chercher sa mère
biologique serait de toute façon peine perdue et elle décide de ne pas essayer.
Fin 2010, Jasmine arrive en Inde pour les vacances. Elle a prévu de faire toute la
pointe de l'Inde mais décide de commencer par le village inscrit sur le document.
Par chance, un avocat du village parle couramment le français et Jasmine lui
explique son histoire. L'avocat décide d'entreprendre des recherches alors que
Jasmine continue son voyage en Inde. Les vacances arrivant à leur terme,
Jasmine retourne voir cet homme. Il lui explique alors qu'il pense avoir retrouvé la
trace de sa mère dans un couvent. L'homme rencontre cette femme pour
s'assurer que c'est bien la mère de Jasmine : tout coïncide. Et quelques minutes
plus tard, Jasmine fait enfin la rencontre de sa mère biologique. Cette dernière est
très émue et raconte à Jasmine son histoire : Jasmine lui a été retirée à sa
naissance, sans son accord, alors qu'elle avait fui son mari et qu'elle s'était
réfugiée dans un couvent. Elle lui apprend que cette date inscrite sur le document
de baptême est sa vraie date de naissance et que c'est d'ailleurs le jour même
son anniversaire¿ Depuis ce jour, Jasmine écrit régulièrement à un oncle indien
qui lui donne des nouvelles de sa mère. Jasmine a écrit un livre sur cette
rencontre incroyable.
Milena, « Je suis née en Colombie et j'ai été adoptée à l'âge de 5 mois en France.
A la recherche de mes origines depuis des années, je m'apprête à rencontrer ma
mère biologique pour la première fois à Noël prochain. »
Milena a été adoptée à l'âge de 5 semaines en Colombie. Depuis toute petite, les
parents de Milena lui ont toujours parlé de son adoption et la soutiennent dans
son éventuel désir de connaître ses origines. A l'âge de 12 ans, elle réclame son
certificat de baptême avec son véritable nom. Pour Milena, c'est son premier
contact avec ses origines. A l'âge de 24 ans, elle a l'envie de découvrir son pays
de naissance, la Colombie, avec sa mère adoptive. Lors de son séjour, Milena a
accès à son dossier. Elle a énormément d'informations sur sa famille biologique,
notamment son extrait d'acte de naissance. Lors de ce voyage, elle tombe
amoureuse d'un Colombien. Elle fait donc plusieurs voyages en Colombie mais
laisse de côté ses recherches. En retrouvant sa famille biologique, Milena a peur
de blesser sa mère adoptive de qui elle est très proche. A l'âge de 28 ans, Milena
tombe enceinte. La naissance de son fils lui donne l'envie de savoir à qui il
ressemble et de connaître sa famille biologique. Grâce à Facebook, elle retrouve
l'une de ses tantes et garde contact avec elle. L'année dernière, elle prend la
décision d'aller en Colombie pour rencontrer une partie de sa famille. Ils
contactent sa mère biologique par téléphone parce qu'elle n'habite pas dans les
environs. Au début, sa mère refuse de lui parler. Milena respecte son choix malgré
sa déception. Deux jours plus tard, contre toute attente, sa mère change d'avis et
accepte de l'avoir au téléphone. Milena est très émue de parler pour la première
fois à sa mère. Elle ne la rencontre pas cette fois-ci parce qu'elle ne se sent pas
assez forte psychologiquement. Aujourd'hui, elle a pris la décision de partir en
décembre prochain avec sa famille et sa mère adoptive, rencontrer sa mère
biologique pour la première fois.
Marie, « Je suis née sous X et malgré toutes mes démarches, je n'arrive pas à
retrouver ma mère biologique. Je souffre de ce manque et j'espère que lancer un
appel à témoins dans TUH me permettra d'avancer dans mes recherches. »
Marie naît sous X et est adoptée à l'âge de 4 mois. Elle vit une adolescence
conflictuelle avec ses parents adoptifs. Elle ne comprend pas pourquoi elle a été
abandonnée et le vit mal, malgré le fait qu'ils soient présents pour elle. A 13 ans,
dès que Marie a accès à internet, retrouver sa mère est la première recherche
qu'elle fait mais elle ne trouve rien. A 18 ans, elle décide de faire sérieusement les
démarches pour la retrouver. Elle sait seulement qu'elle est née au Mans le 23
janvier 1990. Malheureusement, les informations que lui donne le CNAOP
(organisme spécialisé pour les enfants nés sous X) sont minimes. Elle a juste le
prénom de sa mère « Sylvie » et l'âge de ses parents quand elle est née. Sa mère
avait 28 ans. Elle est très étonnée parce qu'elle était jusque-là persuadée que sa
mère l'avait abandonnée parce qu'elle était trop jeune. Trois ans plus tard, elle
décide d'aller consulter son dossier à l'aide sociale du Mans. Marie fait une
nouvelle découverte : elle apprend l'existence d'un autre enfant qui serait son aîné.
Cette information la remotive pour retrouver sa mère biologique. Depuis mars
2013, les recherches sont en cours mais rien n'aboutit pour le moment. Marie a
besoin de connaître ses origines pour avancer dans sa vie. Elle souffre d'une peur
de l'abandon. Pour avoir une chance de retrouver sa mère, Marie a besoin que
son appel à témoins soit médiatisé.
Véronique, « Je suis née sous X et j'ai retrouvé ma mère biologique au bout de 18
ans. Aujourd'hui, nous avons de très bonnes relations. A travers mon témoignage,
je veux redonner espoir aux enfants nés sous X à la recherche de leur mère. »
Véronique est née sous X le 16 juillet 1970 et a été adoptée à l'âge de neuf mois.
Elle ne l'apprend seulement qu'à l'âge de 10 ans. Dès l'âge de 18 ans, elle
commence à faire des recherches sur sa mère biologique. Véronique ressent un
profond besoin de connaitre ses origines, de savoir à qui elle ressemble. Elle se
rend plusieurs fois à la DDASS mais ils n'ont pas d'éléments concrets à lui
donner. Elle se rend même dans sa ville de naissance pour essayer de retrouver
sa mère, mais ses recherches restent vaines. A l'époque, elle n'a pas les moyens
d'embaucher un détective privé. Il y a des moments où elle a envie de tout lâcher
et elle met de côté ses recherches. Sur les conseils d'un collègue de travail, elle
décide de se rendre au CNAOP, l'organisme qui permet de faire la médiation
entre les enfants nés sous X et leur mère biologique. L'organisme retrouve
finalement sa mère. Véronique apprend alors qu'elle la recherchait également. 6
mois après l'envoi de son dossier au CNAOP, le 19 octobre 2006, elle rencontre
sa mère biologique pour la première fois. Avec son compagnon, elle se rend dans
un bureau du conseil général pour les retrouvailles. Pour Véronique, âgée de 36
ans, c'est un bouleversement. La première chose qu'elle lui dit, c'est « Est-ce que
je peux vous appeler maman ? ». Elles vont ensuite dans un café pour discuter,
mais la mère de Véronique, doit partir. Quand elle s'en va, Véronique se sent
abandonnée une deuxième fois. Elle pleure toute la journée, de peur de ne pas la
revoir. Finalement, sa mère l'appelle le soir même. Depuis, elles se parlent
souvent au téléphone et se sont revues plusieurs fois, malgré la distance qui les
sépare. Véronique a même écrit un livre autobiographique sorti en mars dernier et
intitulé « Trente-six ans à t'attendre maman. ».
Avis de l'expert(e)
- Quelles sont les conséquences psychologiques pour un enfant né sous X ?
Quand un enfant naît sous x c'est comme si il n'avait pas accès a son identité
biologique. Toute sa vie, il y aura toujours une question qui le hantera : « de qui
suis-je né ? » Il cherche sa mère biologique mais aussi son père : « d'où je viens
pour savoir où je vais ». La plupart des enfants adoptés et nés sous x recherchent
leurs origines.
- Est-il difficile pour une mère, qui a décidé de cacher son identité à son enfant,
d'accepter le fait qu'il la retrouve ?
Elle a pu vouloir lui cacher son identité à la naissance, mais au fil du temps ce lien
peut se modifier.
Peut-être que la mère n'a pas eu d'autres choix que d'abandonner son enfant à la
naissance pour de nombreuses raisons. Au fil du temps, cette mère va malgré
tout tisser un lien invisible avec cet enfant. Elle crée un roman par rapport à cet
enfant. Et en face l'enfant se crée un roman de sa mère. Ils sont tous les deux
dans une forme de connexion invisible.
Chiffres
- En 2013, le CNAOP a enregistré près de 616 nouvelles demandes d'accès aux
origines personnelles.
- En 2013, 44,4 % des parents biologiques contactés par le CNAOP ont accepté
de lever le secret de leur identité.
- S'il y avait 10 000 naissances sous X dans les années 70, elles n'étaient plus
que 700 en 2010
- En 2013, 1343 enfants ont été adoptés à l'étranger
- Une femme qui accouche sous X dispose d'un délai de 2 mois pour reprendre
son enfant.
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