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| - [Source : site internet de France Culture]
L'Érotisme arabe / Revue Charles
Malek Chebel : L'Érotisme arabe (Robert Laffont) / Revue Charles N°9 Dossier Politique et sexualité (La Tengo Editions)
Les Arabes ont inventé bien avant nous l'amour courtois, le libertinage et l'art d'aimer au sens promu par les traités d'érotologie, qu'on dirait aujourd'hui de sexologie. « On déclame tous les jours contre le paradis sensuel de Mahomet ; mais l'Antiquité n'en avait jamais connu d'autre », soulignait encore Voltaire dans son Essai sur les murs. Plus proches en effet de la liberté des Anciens en matière de sexe que du rigorisme de l'Occident chrétien, les Arabes ne se sont pas contentés de traduire les philosophes et les médecins grecs, ils en ont hérité l'esprit. « Les liens que l'islam entretient avec la sexualité sont tout à la fois codifiés et souples » nous dit Malek Chebel, et c'est au point que la jurisprudence domestique et intime ne cesse d'en appeler au Très Haut dès lors qu'il est question de dégrafer une robe ou de trousser une jolie femme. S'il est vrai que le dénommé « hadith de l'amour » prescrit à celui qui aime de rester chaste et de préserver son secret, les textes présentés dans cet ouvrage sur l'érotisme arabe sont remplis de rumeurs indiscrètes, d'histoires polissonnes, de mignons et de tribades.
L'un de ceux qui passent pour être le plus représentatif de cet art d'aimer, Le Collier de la colombe, du philosophe et juriste andalou Ibn Hazm, décrit les différents moments d'une relation amoureuse jusqu'à son accomplissement, lequel est présenté comme « une grande bénédiction de Dieu ». On peut notamment y lire le savoureux chapitre consacré au langage muet des amants, celui qui passe par les « clins d'il », et exprime le consentement, la promesse ou la réprobation, voire la mise en garde contre les voyeurs, un coup d'il de côté
Certaine gymnastique oculaire semble difficile à imaginer, comme celle qui consiste à « tourner la prunelle des yeux vers l'intérieur » pour signifier un refus mais le philosophe de Cordoue nous rassure : il y a des « signaux de l'il qui ne peuvent être compris que lorsqu'on les voit par soi-même ».
Passée la barrière des cils, le langage peut se faire plus explicite. Si Malek Chebel relève sans rire que « l'axe central de tous les traités d'érotologie reste l'attribut mâle », lequel peut-être désigné par une multitude de métaphores qu'on retrouve dans la poésie érotique, le sexe féminin n'est pas en reste. Au « Bâton du derviche » et autres cyclopéens butteurs, exorbités, remuants, baveurs ou cabochins, il faut le fendu, le hérisson glouton, le taciturne secourable, le voûté, le juteux. Et ce quelle que soit la position. Se reporter à l'ouvrage du cheikh Nefzaoui, joliment intitulé « Le jardin parfumé », que Maupassant trouvait « admirablement lubrique », pour en découvrir la liste complète, même s'il faut savoir nous dit l'auteur que les peuples de l'Inde en « ont multiplié les diverses manières » et « ont poussé plus loin que nous les connaissances et les investigations en matière de coït »
« Oméga 3 des prothèses du désir », les aphrodisiaques remplissent des nomenclatures savantes et exotiques, parfumées et puissamment épicées. L'oliban, le cumin, la gomme arabique, le gingembre vert de La Mecque, la cannelle, le poivre noir, le miel ou le safran forment la base de recettes qui sont comme des poèmes. En voici une pour le matin : des jaunes d'uf mélangés à des oignons hachés, des asperges, des condiments pilés, des aromates, du lait de chamelle, du miel, de la myrrhe et des pois chiches. Bon appétit, vu l'heure matinale je vous ai épargné les épices qui entrent dans la quasi totalité des recettes. « De là conclut Malek Chebel le fait que la cuisine orientale, marocaine, tunisienne, égyptienne, soit épicée ».
Même notre « french kiss » était pratiqué avant la lettre, et dûment codifié, par les Arabes. En voici, pour preuve, le mode d'emploi, extrait du Jardin parfumé : « Le meilleur baiser est celui qui est déposé sur les lèvres humides, avec un sucement des lèvres et de la langue ».
Jacques Munier
Revue Charles N°9 Dossier Politique et sexualité (La Tengo Editions)
Avec une grande enquête sur les Femen, leur formation, leur entraînement, leurs engagements, une interview de Christine Boutin qui confesse être une pécheresse, une anthologie des femmes des différents présidents de la République, de De Gaulle à François Hollande, retour sur l'histoire de la revue Sexpol qui, il y a maintenant quarante ans était consacrée à la politique et la sexualité, et à la sexualité politique, et un grand entretien avec Marcela Yacub : « Le jour où le pouvoir des femmes fera bander les hommes »
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