Producer summary
| - Aujourd'hui c'est un saxophoniste qui va retenir notre attention, l'un de ceux qui brillèrent au sein de l'orchestre de Duke Ellington, je veux parler de Paul Gonsalves, qui conserva son siège au sein de la phalange ducale pendant près d'un quart de siècle.
Né en 1920 d'une famille d'origine cap-verdienne, élevé dans le Massachusetts, le jeune Gonsalves apprend la guitare avant d'adopter le saxophone, devenant professionnel pendant la Seconde Guerre mondiale. Digne successeur de Don Byas au sein de l'orchestre de Count Basie, il est aussi le frère d'armes des beboppers dans le big band de Dizzy Gillespie, à la fin des années 40. Mais c'est au fauteuil de Ben Webster que le convie le Duke, en 1950. Il s'y épanouit, apportant au monde ellingtonien sa sonorité étrange, presque voilée, et son phrasé très affirmé, souvent sur le fil du rasoir par rapport à la progression harmonique qu'il prend plaisir à mettre en danger. Capable de l'émotion la plus vive dans les ballades, qu'il ornemente de mélismes complexes avec un goût très sûr, Gonsalves sait aussi construire de longs solos, sur le blues comme sur des grilles plus sophistiquées, relançant l'intérêt de l'auditeur et de ses confrères par des procédés efficaces, par exemple en doublant le tempo, ou en prenant des risques inconsidérés dans des breaks vertigineux. Abondamment sollicité à l'extérieur de l'orchestre du Duke, Paul Gonsalves n'est pourtant jamais aussi inspiré qu'en son sein, jouant en quelque sorte le rôle de l'avant-garde de la formation, selon l'expression d'Ellington. Pour évoquer ce ténor exceptionnel, j'ai le plaisir de recevoir pour la première fois dans cette émission l'un de ses admirateurs, le saxophoniste André Villéger, qui fête cette année un demi-siècle de jazz auprès des meilleurs, de Bill Coleman à Wynton Marsalis en passant par Gunther Schuller et Patrice Caratini.
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