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| - [Source site internet de France Inter]
Il insistait : je suis fils des marches de l'Est et des morts de Lorraine. Mais l'habitude s'est prise, quand on le lit encore, de ne le voir qu'en écrivain classique. « Quelle maîtrise du style », disait François Mitterrand, qui ajoutait prudemment : « Tout de même, il y a beaucoup de choses que je déteste chez lui »
En réalité, Barrès se voulait le Victor Hugo du nationalisme ! En 1889, il lâche l'écriture de son cycle du « Culte du moi » pour aller faire campagne électorale à Nancy. Et, jusqu'à sa mort en 1923, il prendra au moins autant de plaisir à siéger à la Chambre qu'à l'Académie. Aragon qui est aussi de ses admirateurs, juge que Barrès romancier ne cherche pas à prendre de distance, il fait de la politique la chair de ses livres. « Les déracinés », par exemple, livre prodigieux, c'est une histoire du temps contemporain, urbain et machinique, qui consomme les jeunes gens qui ont cru pouvoir sauter de l'arbre et s'échapper. « Aie le courage de ton propre entendement », recommandait Kant
Barrès n'est pas du tout de cette école des Lumières. Il soutient qu'on ne quitte pas ainsi, sous prétexte d'une décision de la raison, ce qui vous a formé, consciemment ou non, ce qui a tapissé vos émotions. Un platane, ça ne déménage pas, ça ne peut développer sa masse puissante de verdure que si c'est planté quelque part. La traduction de ce système en politique, qui s'opère à l'occasion de deux crises, celle du général Boulanger puis celle, décisive, du capitaine Dreyfus, est assez simple : « Il faut faire, dirait-on aujourd'hui, la politique des Français pour les Français, avec les Français. » Barrès, lui, écrivait qu'évidemment, « en France, le Français doit marcher au premier rang ». L'étranger au second. Ou ailleurs.
Voyage, aujourd'hui, à l'une des sources les plus illustres du nationalisme français.
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