Summary
| - LAlgérie est un pays démigration ; ça, cest connu. Ce qui lest moins, cest que cest aussi une terre dimmigration. Du continent africain, du sud vers le nord, des migrants affluent et sinstallent sur le sol algérien, à Alger surtout, mais aussi à Oran, Constantine, Tamanrasset... Ils viennent de Côte dIvoire, de la République Démocratique du Congo, du Niger, du Mali, de Centrafrique. Combien sont-ils ? 100 000 à 300 000 selon les estimations ; de quoi peupler une grande ville, quoi quil en soit. Ils tentent de se rendre invisibles et pour cause : ici, les titres de séjour nexistent pas, il ny a jamais de régularisation. Les demandes dasile, pour la plupart, sont vouées à léchec. Le géographe et spécialiste des migrations Ali Bensaad avance cette explication : « Délivrer le statut de réfugié politique, cest reconnaître la notion dopposition politique
En Algérie, cest impensable ». Noirs et majoritairement chrétiens, ces migrants subsahariens subissent bien souvent le racisme. Ils continuent pourtant daffluer en Algérie pour quelques mois ou quelques années. Parmi eux, il sen trouve toujours qui rêvent dEurope... dautres qui ont renoncé à traverser la Méditerranée (les naufrages que rapporte la télévision ont eu un effet dissuasif), dautres, encore, qui finissent par voir en ce pays leur planche de salut, l « Eldorado » africain qui leur offrira une nouvelle vie, loin de la guerre, loin de toutes les misères. Reportage à Alger de Géraldine Hallot : A 1'58, ambiance sonore de la rue. A 2'40, rencontre avec le père Philippe DUPONT, installé à Adrar dans le désert algérien : il a vu passer beaucoup de migrants africains, dans des états de santé très critiques. "C'est attérant, absurde, de penser que nous sommes en 2014, et de voir encore des choses comme ça. Moi ça me dépasse !" A 4'01, rencontre avec soeur Laurence, du centre d'écoute de Caritas Dar es Salam (qui signifie "maison de la paix") : elle présente le centre, ses activités. Ambiance sonore d'un cours de yoga (image sonore du Om). La soeur explique que les migrants ont en commun de ressentir un grand stress, et souffrent souvent des traumatismes invalidants. A 8'42, arrivée à Dargana, au domicile d'Anatole, réfugié ivoirien arrivé à Alger en 2013 : image sonore de pleurs d'enfant, son de la télévision. A 9'28, témoignage d'Anatole : il raconte sa fuite de la Côte d'Ivoire en 2011, après la chute du président Laurent Gbagbo, dont il était garde du corps. Il parle du racisme des Algériens. Puis fait visiter sa maison. Aujourd'hui, il n'a plus le confort, c'est la survie. "On peut tout perdre en une fraction de seconde, donc il ne faut plus tenir compte du matériel." Il est demandeur d'asile mais n'a pas obtenu le statut de réfugié. Il montre une photo de lui en costume de garde du corps lors de la dernière campagne présidentielle en Côte d'Ivoire. "Au pays j'ai tout perdu, tout, tout". A 13'41, image sonore de klaxon. Conversation du chauffeur avec Hamid Fadel. A 14'18, rencontre avec Hamid FADEL, de l'association Rencontre et développement qui aide les migrants subsahariens : il présente son association, qui est interconfessionnelle. Ils donnent des vêtements, surtout pour les femmes et les enfants. A 16'10, visite dans le quartier de Dely Ibrahim d'Alger d'une maison en construction où se sont installés des migrants : ambiance sonore ; voix d'enfants. A 17'06, rencontre avec Joël, réfugié camerounais : sa vie était menacée au Cameroun (il éprouve des difficultés à révéler que c'est en raison de son homosexualité). Son partenaire a été tué et lui s'est enfui. Il ne sait pas si son avenir est en Algérie, car il n'y a pas de perspective. Le regard des Algériens sur eux est "très péjoratif", ils sont "leurs esclaves". A 19'31, itw d'Aïcha, arrivée en Algérie en novembre 2013 : elle s'apprête à rentrer en Côte d'Ivoire car "la vie n'est pas si facile ici", surtout pour le logement. Elle rentre pour se préparer à peut-être aller ailleurs. A 21'15, ambiance sonore dans le quartier d'El Harrach à Alger : des hommes crient. A 21'30, rencontre avec le père Maurice PILLOUD : pourquoi autant de migrants s'arrêtent en Algérie. "Ca restera toujours une impasse, qui finalement va amener à beaucoup de détresse et beaucoup de solitude de ces gens-là." Ces migrants n'auront jamais de reconnaissance légale. Le message qu'il veut passer aux population subsahariennes : il n'y a pas d'avenir en Algérie. "Cette misère est due au grand égoïsme des pays riches. Un beau jour il faudra partager." A 23'40, un Algérien comment le décolleté d'une femme dans la rue. A 24'00, rencontre avec Marlise, Centrafricaine qui a fui la guerre quelques semaines auparavant, hébergée par la maison de la communauté lazariste du père Pilloud : elle est arrivée trois mois auparavant, son fils est né en Algérie. Elle raconte sa fuite, la santé précaire en Centrafrique. Elle ne pense pas rester à Alger car en tant que chrétienne ce n'est pas facile (anecdotes : les regards lorsqu'elle allaitait son enfant dans un lieu public, les hommes qui lui touchent les fesses, les seins...). Elle a l'impression que les femmes noires sont considérées comme des prostituées en Algérie. "Les moeurs ici... c'est encore fermé. [...] Mais, pour aller aussi en Europe c'est pas facile. Je ne sais pas où on va aller mais surtout pas en Centrafrique. [rires] Surtout pas là-bas." A 28'13, image sonore d'hélicoptère. Conversation avec le chauffeur qui présente quelques bâtiments d'Alger. A 29'37, à Médecins du Monde, image sonore de sonnette, rencontre avec Sihem BOURGOUD, médecin médiateur pour l'ONG : comment ils déconstruisent le préjugé, même chez les soignants, selon laquelle les migrants africains propagent la drogue, le sida et les maladies. A 31'29, rencontre avec Abdelmoumen JELIL, secrétaire général de la Ligue Algérienne des Droits de l'Homme : comment expliquer que la société algérienne soit dans une tel déni de la situation vécue par ces migrants. L'Algérie n'a pas de loi sur le droit d'asile, en revanche elle a adopté en 2008 une loi très restrictive sur l'entrée et le séjour des étrangers en Algérie. A 33'10, appel au ministère algérien des Affaires étrangères dont dépend le Bureau Algérien de Protection des Réfugiés et apatrides (BAPRA) : sonnerie dans le vide et répondeur. A 34'00, rencontre avec Cédric, Ivoirien de 16 ans, venu en Algérie pour devenir footballeur : image sonore de l'entraînement au stade de Kouba, salut des joueurs. Itw de l'entraînement : Cédric a beaucoup de potentiel pour devenir un futur talent. A 35'55, arrivée chez Cédric, arrivé en algérie en 2012, hébergé par le Haut Commissariat de l'Onu aux Réfugiés dans le quartier de Belcourt : ils montent six étages à pieds. Lorsqu'il a un peu d'argent, il achète des vêtements pour ne pas qu'on sache ce qu'il vit. Il se fait souvent insulté, ne répond jamais. Son rêve est de jouer dans "un grand championnat du monde".
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| - L'Algérie est un pays d'émigration ; ça, c'est connu. Ce qui l'est moins, c'est que c'est aussi une terre d'immigration. Du continent africain, du sud vers le nord, des migrants affluent et s'installent sur le sol algérien, à Alger surtout, mais aussi à Oran, Constantine, Tamanrasset...
Ils viennent de Côte d'Ivoire, de la République Démocratique du Congo, du Niger, du Mali, de Centrafrique. Combien sont-ils ? 100 000 à 300 000 selon les estimations ; de quoi peupler une grande ville, quoi qu'il en soit. Ils tentent de se rendre invisibles et pour cause : ici, les titres de séjour n'existent pas, il n'y a jamais de régularisation. Les demandes d'asile, pour la plupart, sont vouées à l'échec. Le géographe et spécialiste des migrations Ali Bensaad avance cette explication : « Délivrer le statut de réfugié politique, c'est reconnaître la notion d'opposition politique... En Algérie, c'est impensable ».
Noirs et majoritairement chrétiens, ces migrants subsahariens subissent bien souvent le racisme. Ils continuent pourtant d'affluer en Algérie pour quelques mois ou quelques années. Parmi eux, il s'en trouve toujours qui rêvent d'Europe... d'autres qui ont renoncé à traverser la Méditerranée (les naufrages que rapporte la télévision ont eu un effet dissuasif), d'autres, encore, qui finissent par voir en ce pays leur planche de salut, l' « Eldorado » africain qui leur offrira une nouvelle vie, loin de la guerre, loin de toutes les misères.
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