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L'Esprit Public | 13-14 par Philippe Meyer
le dimanche de 11h à midi
La vente de la branche énergie d'Alstom - la situation en Ukraine
La vente de la branche énergie d'Alstom
Jeudi 24 février, on apprenait que le champion industriel français Asltom était prêt à vendre sa division énergie à l'américain General Electric. La production d'équipements électriques représente 71 % du chiffre d'affaire d'Alstom, qui ne conserverait que son activité ferroviaire. Les activités de General Electric sont très complémentaires de celles d'Alstom et l'Américain est très solidement implanté en Europe où il emploie 84 000 personnes et dépose un tiers de ses brevets. Mais la nouvelle a déclenché une levée de boucliers. Pour le ministre de l'économie Arnaud Montebourg, il est impensable qu'un « fleuron national » soit dirigé « depuis le Connecticut. » Dimanche matin, l'allemand Siemens a proposé une offre de rachat concurrente. Bercy favorise cette transaction au nom de la construction européenne. Siemens s'était déjà porté acquéreur en 2004, mais le gouvernement français s'y était alors opposé. L'industriel français est aujourd'hui encore dans une situation délicate et son dirigeant Patrick Kron affirme que l'offre de General Electric permet « d'assurer l'avenir des métiers et des salariés d'Alstom ». Le groupe est fortement endetté, et il n'est pas assez présent dans les marchés émergents qui tirent aujourd'hui la croissance. Les dividendes d'Alstom baissent depuis quelques années et son actionnaire majeur, le groupe Bouygues, souhaite céder sa part.
Mardi soir, le conseil d'administration d'Alstom s'est unanimement prononcé en faveur de l'offre de General Electric. Cette annonce a été accueillie en Bourse par une hausse de 10 % de l'action Alstom. Le groupe français se réserve néanmoins « le droit de répondre à des offres non sollicitées ». Il a dit ainsi avoir pris connaissance d'une nouvelle déclaration d'intérêt de Siemens. L'Allemand redoute la constitution en Europe d'un géant américano-français qui pourrait le mettre en difficulté. Siemens a proposé de céder à Alstom, en échange du rachat de sa branche énergie, une grande partie de son activité ferroviaire, notamment ses métros et ses trains à grande vitesse Intercity Express. Ce scénario pourrait conduire à des réductions d'emplois massives dans tous les secteurs ainsi consolidés.
Pour convaincre le gouvernement, le patron de General Electric, Jeffrey Immelt, s'est engagé à créer en France des emplois hautement qualifiés, à y implanter plusieurs de ses sièges de décision et il a proclamé sa « volonté de tenir compte du caractère souverain de l'industrie nucléaire » française. Le premier ministre Manuel Valls a assuré mercredi sur France Inter que l'Etat avait été « entendu ».
La situation en Ukraine
La situation en Ukraine est très préoccupante. Le pays semble glisser vers la guerre civile à mesure que se rapproche l'échéance de l'élection présidentielle fixée au 25 mai. Des séparatistes pro-russes occupent depuis plusieurs semaines de nombreuses villes de la région du Donbass. L'accord conclu le 17 avril par l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne prévoyait le désarmement des milices illégales et la libération des bâtiments publics occupés. Cet engagement n'a pas été suivi d'effet et le gouvernement ukrainien a maintenu son « opération antiterroriste » contre les rebelles. Il a rétabli la conscription jeudi 1er mai. Vendredi 2 mai, les forces régulières sont montées à l'assaut du bastion pro-russe de Sloviansk, qu'elles assiègent aujourd'hui. Deux hélicoptères de l'armée ukrainienne ont été abattus, et d'après nos confrères d'Associated Press, les services secrets de Kiev assurent que l'armée ukrainienne combat à Sloviansk contre « des militaires étrangers parfaitement entraînés ». Les séparatistes de Sloviansk ont néanmoins libérés les observateurs étrangers qu'ils retenaient depuis le 25 avril. Le même jour, des affrontements meurtriers ont éclaté à Odessa et 40 pro-russes ont péri dans un incendie criminel.
Moscou a indiqué samedi matin avoir perdu son influence sur les communautés russophones de l'Ukraine et juge « absurde » la tenue prochaine de l'élection présidentielle. Les Occidentaux soupçonnent le Kremlin de déstabiliser volontairement son voisin. L'Europe s'inquiète d'une escalade sur sa frontière orientale qui pourrait mettre en péril sa sécurité et son approvisionnement en gaz. La Suède a décidé une hausse des dépenses militaires et la Finlande, neutre depuis 1945, se rapproche de l'OTAN. Les Pays baltes et la Pologne sont partisans d'une ligne dure face à la Russie, quand la France et l'Allemagne entendent préserver leurs intérêts commerciaux. Les Occidentaux ont adopté des sanctions au début de la semaine. Elles ciblent des personnalités russes et notamment le vice-Premier ministre, le chef d'état-major des armées, la vice-présidente de la Douma et des responsables du GRU, le renseignement militaire russe. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé des accusations « honteuses ». Vladimir Poutine a déclaré qu'il pourrait réexaminer à l'avenir les participations d'entreprises occidentales dans l'économie russe. A Moscou, le 1er-Mai a été l'occasion d'une mobilisation massive de soutien au gouvernement. Environ cent mille personnes ont défilé sur la place Rouge et en Crimée, environ soixante-mille personnes ont défilé en brandissant des drapeaux russes et des portraits du président Poutine.
Invités
Sylvie KAUFFMANN, directrice éditoriale au Monde
Jean-Louis BOURLANGES, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris
Max GALLO, romancier et historien
Thierry PECH, directeur général de la Fondation Terra Nova
Brèves
James Mc CEARNEY, Benjamin Disraeli (Pierre-Guillaume de Roux, avril 2014)
Gilles PERRAULT, Dictionnaire amoureux de la Résistance (Plon, mai 2014)
Refus de France Télévision de refuser le 15 mai le débat réunissant les cinq candidats à la présidence de la Commission européenne
Execution capitale ratée en Oklahoma : le condamné à mort Clayton Lockett a agonisé pendant quarante-trois minutes ; il a finalement succombé à une crise cardiaque provoquée par la douleur
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