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| - [source : site internet de France Culture]
Ségolène et les décolletés
Le bruit a couru et continue de courir malgré les démentis que la nouvelle ministre de l'écologie avait dicté quelques éléments de bonne conduite au sein de son ministère : ne pas fumer dans la cour, ne pas faire de bruit dans les couloirs et éviter les décolletés trop généreux.
C'est une consigne qui règne plus ou moins en entreprise : on conseille aux femmes de ne pas trop essayer de faire dévier une discussion ou de ne pas perturber un débat par un décolleté trop généreux.
D'abord à partir de quand parle-t-on de décolleté ? Selon la fondatrice de l'École du Protocole du Texas, l'encolure de votre tee-shirt doit arriver 5 cm au-dessus de la naissance de votre poitrine. En dessous de cette hauteur, vous portez officiellement un décolleté. Les dictionnaires sont beaucoup plus vagues : ils parlent d'échancrure, d'ouverture plus ou moins grande du col, dégageant le cou et la gorge mot qui autrefois voulait dire la poitrine, les seins.
Le décolleté est apparu dans la deuxième moitié du XVIème siècle quand la fraise qui entourait le cou s'est progressivement ouverte ; en largeur, vers les épaules, comme étaient les vêtements d'hommes dégageant une belle prestance, puis s'ouvrant en triangle plus ou moins profonds. Le portrait le plus célèbre de Marie de Médicis épouse d'Henri IV montre un décolleté profond encadré par une collerette très haute, de dentelles précieuses et de perles. Au XVIIIème siècle, le décolleté devient vertigineux ; ces pauvres femmes, disait un évêque faussement apitoyé, il leur faut tellement de tissu pour les jupes qu'il ne leur en reste plus pour le corsage ! On dit que chaque fois qu'elle se penchait, la Pompadour laissait échapper un sein. Montrer, ou cacher, dévoiler partiellement ? Dès le XVIIème siècle, les femmes usent du mouchoir ou du fichu pour cacher quand il convient, et montrer quand elles le jugent bon, ce sein qu'on ne saurait voir, comme dit Tartufe.
L'abbé Boileau, dans une célèbre admonestation aux femmes, tonne contre leur impudeur notamment dans les lieux saints.
Mais de quoi s'agit-il exactement ? La servante de Molière, toujours dans le Tartufe pose clairement le problème : celui de la convoitise, du désir. « A convoiter je ne suis pas aussi prompte/ Et je vous verrais tout nu du haut jusques au bas/ Que toute votre chair ne me tenterait pas »
Vraie ou fausse, cette consigne montre bien qu'on du mal à s'accommoder du corps de l'autre, et du désir qu'éventuellement il peut susciter. D'où la lutte nécessaire contre le harcèlement au travai qu'on attribue essentiellement aux hommes hétéros, même s'il existe des formes infiniment plus variées. De l'autre, une directive assez peu féministe : ne venez pas mettre votre décolleté sous le nez des gens, ça dérange le bon fonctionnement du service.
C'est possible, mais c'est comme ça. Le corps de l'autre, dévoilé ou non, peut susciter le désir. Il y aura toujours des gens pour l' utiliser cà des fins plus ou moins avouables. : il faut s'y faire. Ça devrait être compatible avec l'égalité. Entre les sexes et entre les individus à l'intérieur de chacun des deux.
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